Au cours des trois dernières années de sa vie, Frithjof Schuon a écrit environ 3 500 courts poèmes dans sa langue maternelle, l’allemand. Ces poèmes, que l’on a appelés « musique métaphysique », couvrent tous les aspects possibles de la doctrine spirituelle, de la pratique et de la vertu, ainsi que le rôle et la fonction de la beauté. Ils expriment toutes les subtilités imaginables du conseil spirituel et moral – et ce n’est pas seulement en termes généraux, mais avec une intimité, des détails et une précision inouïes. Ils expriment la même finesse infaillible d’intelligence, de profondeur, d’exhaustivité et de compassion que l’on retrouve dans la gamme des écrits dialectiques les plus connus de Schuon.
Certains poèmes sont autobiographiques, avec des réminiscences de lieux vécus : Bâle et Paris, les rues féeriques des vieilles villes allemandes, le Maroc et l’Andalousie, la Turquie et la Grèce, l’Ouest américain. D’autres évoquent le génie de certains peuples, comme les hindous, les japonais, les arabes, les indiens d’Amérique, mais aussi les cosaques et les gitans. D’autres encore expliquent le rôle de la musique, de la danse et de la poésie elle-même. De temps en temps, la superficialité du monde moderne vient pour mordre, et parfois farouchement humoristique, commentaire :
Un banquet mondain : les lustres scintillent
Dans le grand hall –
Et une société brillante, mesdames et messieurs,
Asseyez-vous pour le repas.
Ils parlent de tout et ils ne parlent de rien.
Le vin est rouge,
Et les fleurs aussi. Mais personne, personne, personne
Pense à la mort.
Adastra et Stella Maris : Les poèmes de Frithjof Schuon représentent le cœur des poèmes allemands de Schuon. Ces deux livres, réunis en un seul volume, expriment, selon les mots d’Annemarie Schimmel, « un mystère qui dépasse l’expression humaine normale… Nous écoutons ici le penseur qui, loin des phrases savantes compliquées de ses œuvres savantes en prose, chante les simples prières de l’âme désirée… ». L’allemand, qui reflète parfaitement les canons les plus anciens de la norme prosodique, porte l’écho d’un rossignol dans les jardins du Paradis. Chaque poème est un diamant – étincelant et clair, un chef-d’œuvre architectural plein de lumière. La beauté de cette poésie, qui allie irrésistiblement profondeur et simplicité, touche ce centre lumineux où convergent le chemin de la connaissance et le chemin de l’amour. Les lecteurs familiers avec les nombreux livres et articles de Schuon trouveront ici les mêmes éléments qui caractérisent le reste de son vaste corpus : universalité, essentialité, primordialité ; mais sous une forme qui rend son message plus accessible. Ces paroles parlent au cœur, à l’esprit et à l’âme avec une immédiateté irrésistible. Le voyageur spirituel peut porter ce livre toute sa vie et ne pas épuiser son contenu, parce que son contenu est la vie inépuisable et belle de l’esprit.
Adastra et Stella Maris : Les poèmes de Frithjof Schuon contiennent également un avant-propos perspicace du Dr William Stoddart.
